Supérieur hiérarchique qui procrastine

Dans l’univers professionnel, nous parlons souvent de la procrastination comme un problème personnel, un frein à la productivité individuelle. Mais que se passe-t-il lorsque votre supérieur hiérarchique est lui-même un procrastinateur ? Comment s’y prendre quand la procrastination vient d’en haut ?
Projets en attente, décisions reportées, validations qui n’arrivent jamais… Vous voilà coincé(e) entre le besoin d’avancer et la crainte de heurter votre chef en lui faisant remarquer qu’il repousse sans cesse les choses.

Ce sujet est d’autant plus délicat que l’autorité et la procrastination forment un duo difficile à gérer. Comment amener la conversation sans froisser son supérieur ? Comment éviter qu’il se braque ou, pire, qu’il interprète votre initiative comme un manque de respect ou une remise en cause de son leadership ?



1. Comprenez pourquoi votre chef procrastine 

Avant de tenter quoi que ce soit, prenez un instant pour observer les causes possibles de sa procrastination.

👉 La surcharge cognitive : Votre supérieur hiérarchique a-t-il trop de responsabilités ? Trop de décisions à prendre en même temps ? La fatigue décisionnelle (Baumeister, 2011) pourrait par exemple l’amener à repousser certaines décisions difficiles.

👉 La peur de l’erreur : Vous l’avez peut-être déjà remarqué, certains managers évitent de trancher par peur des conséquences. Dans des environnements où la culture du blâme est forte, il est souvent plus simple de différer une décision que de prendre le risque d’un faux pas.

👉 Un mode de travail différent : Ce que vous percevez comme de la procrastination peut aussi être une manière réfléchie de prendre le temps d’analyser une situation. Tous les managers n’ont pas la même approche du timing.

Pourquoi c’est important ? Parce que si vous partez du principe que votre supérieur hiérarchique est simplement “paresseux” ou “désorganisé”, vous risquez d’aborder le sujet de manière maladroite.

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2. Amenez le sujet sans critiquer

La première règle est simple : ne jamais formuler votre remarque comme une attaque personnelle.

❌ « Vous repoussez tout le temps cette décision, on n’avance pas. »

✅ « J’aimerais avancer sur ce projet, et je me demandais si nous pouvions voir ensemble les prochaines étapes. »

L’astuce ? Toujours partir de votre besoin et non d’un reproche. En reformulant les choses sous l’angle de l’avancement du projet plutôt que du comportement de votre chef, vous réduisez le risque de réaction défensive.

Un bon moyen d’ouvrir la conversation est d’utiliser une question ouverte :

« J’ai remarqué que ce dossier est en attente depuis plusieurs semaines. Y a-t-il un élément bloquant dont je pourrais m’occuper pour aider à faire avancer les choses ? »

3. Utilisez l’approche “gagnant-gagnant” 

Votre chef est probablement débordé. Il a des priorités, des pressions que vous ne percevez pas forcément. Une manière subtile de l’aider à sortir de sa procrastination est de lui faciliter la tâche.

Proposez une solution plutôt qu’un problème :

« J’ai préparé un récapitulatif des points importants pour vous aider à prendre votre décision rapidement. Vous préférez que je vous l’envoie par e-mail ou qu’on en discute en réunion ? »

Cela allège sa charge mentale et l’incite à agir sans se sentir contraint.

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4. Mettez en avant les conséquences positives

Un manager procrastinateur ne réalise pas toujours l’impact de ses retards sur le travail de son équipe. Plutôt que de souligner les inconvénients (« Cela nous bloque »), mettez en avant les bénéfices d’une action rapide.

« Si nous validons ce point aujourd’hui, nous pourrons lancer l’exécution dès cette semaine et éviter un retard dans les prochaines étapes. »

Les neurosciences montrent que notre cerveau est plus réceptif aux gains qu’aux pertes. Plutôt que de lui parler du retard accumulé, faites-lui voir ce qu’il gagne à agir maintenant.

5. Avec votre supérieur hiérarchique jouez sur le timing

Un bon communicant sait qu’il y a des moments stratégiques pour aborder certains sujets.

📌 Évitez les fins de journée, où la fatigue décisionnelle est plus forte.
📌 Privilégiez les moments où il est le plus réceptif : après une réunion où il a pris une décision importante, il sera dans un état d’esprit plus dynamique.

Si possible, anticipez. Au lieu d’attendre le dernier moment pour obtenir une validation cruciale, abordez le sujet en amont :

« La deadline approche dans deux semaines, je me disais que ce serait utile d’avoir votre retour dès maintenant pour éviter d’être dans l’urgence. »

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6. Gérez un refus ou une résistance

Malgré toutes vos précautions, il est possible que votre supérieur réagisse mal. Il peut se sentir mis sous pression ou refuser de reconnaître qu’il procrastine.

Si c’est le cas, restez professionnel et stratégique :

🔹 Observez son mode de fonctionnement : Certains managers procrastinent moins quand les choses sont dites de manière écrite (e-mails, documents) plutôt qu’oralement.

🔹 Impliquez d’autres acteurs clés : Si d’autres collègues sont concernés, abordez le sujet en réunion pour que la décision ne repose pas uniquement sur votre échange en tête-à-tête.

🔹 Acceptez ce qui ne dépend pas de vous : Parfois, malgré tous vos efforts, certaines décisions tarderont à être prises. Ne vous laissez pas envahir par la frustration. Concentrez-vous sur ce que vous pouvez contrôler.

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Un équilibre entre assertivité* et diplomatie 

Gérer un supérieur qui procrastine est un exercice d’équilibriste. Il faut oser aborder le sujet sans heurter. La clé ? Adopter une communication orientée solutions, valoriser les bénéfices de l’action, et faciliter la prise de décision.

Si vous appliquez ces stratégies, vous augmenterez vos chances d’obtenir ce dont vous avez besoin… tout en préservant une relation professionnelle saine et respectueuse.



Et vous, avez-vous déjà été confronté(e) à un chef qui procrastine ? Comment avez-vous géré la situation ? Partagez votre expérience en commentaire ! 👇


*L’assertivité est la capacité à exprimer ses idées, ses besoins et ses émotions de manière claire, directe et respectueuse, sans agressivité ni passivité. C’est un équilibre entre défendre son point de vue et respecter celui des autres.

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