Avez-vous l’impression de lutter contre une force invisible qui vous empêche d’avancer ? Remettez-vous sans cesse à plus tard vos tâches importantes ? Vous culpabilisez de ne pas en faire assez ? Vous vous demandez si votre cerveau vous joue des tours ? La procrastination n’est pas une simple paresse, c’est un véritable défi psychologique qui touche des millions de personnes à travers le monde.
“La procrastination est le voleur du temps” disait Edward Young, écrivain anglais du 18ème siècle. Cette citation résume parfaitement l’impact négatif de la procrastination sur notre vie. Elle nous empêche d’atteindre nos objectifs, génère du stress et de l’anxiété, et peut même nuire à nos relations et à notre santé mentale.
Mais que se passe-t-il réellement dans notre cerveau lorsque nous procrastinons ? La science commence à lever le voile sur les mécanismes cérébraux qui sous-tendent ce comportement.
Votre cerveau vous joue des tours
Que se passe-t-il quand votre système de récompense est en panne ? Des études en neurosciences ont révélé que les procrastinateurs chroniques ont un système de récompense cérébral moins sensible à la dopamine, le neurotransmetteur associé au plaisir et à la motivation.
En clair, cela signifie que les récompenses à long terme, comme terminer une tâche importante, leur procurent moins de satisfaction que les récompenses immédiates et à court terme. Dans ces dernières, vous imaginez facilement que l’on y trouve le visionnage de vidéos ou naviguer sur les réseaux sociaux.
Imaginez un instant que votre cerveau soit comme une machine à sous. Les procrastinateurs chroniques ont une machine à sous qui dysfonctionne. Les récompenses à long terme, comme terminer un rapport important, ne leur procurent qu’un maigre gain, tandis que les récompenses immédiates, comme consulter leurs emails ou regarder une vidéo amusante, leur procurent un jackpot de dopamine.
L’amygdale et la peur de l’échec
L’amygdale, centre de la peur et de l’anxiété dans le cerveau, joue également un rôle crucial dans la procrastination. Face à une tâche difficile ou redoutée, l’amygdale peut s’activer, déclenchant des sentiments de peur, d’anxiété et de stress. Cela amène le cerveau à privilégier des activités moins menaçantes, comme la procrastination, pour éviter l’inconfort émotionnel.
C’est comme si votre cerveau était un protecteur trop zélé. Il vous perçoit comme un enfant fragile et il craint que vous ne soyez pas capable de relever le défi d’une tâche difficile. Pour vous protéger du stress et de l’anxiété, il vous pousse à reporter cette tâche et à vous tourner vers des activités plus rassurantes.
Le cortex préfrontal et le contrôle de soi
Le cortex préfrontal, lui, est le siège du contrôle de soi et de la planification. Il est également impliqué, vous vous en doutez, dans la procrastination. Les personnes qui procrastinent ont souvent des difficultés à activer cette zone du cerveau, ce qui peut les rendre plus susceptibles de céder aux distractions et de reporter les tâches importantes.
Cette fois-ci, imaginez votre cortex préfrontal comme un muscle. Chez les procrastinateurs chroniques, ce muscle est atrophié et manque de tonus. Il a du mal à se concentrer sur une tâche précise et à résister aux distractions du monde extérieur.
Quand votre cerveau vous joue des tours
La compréhension des mécanismes cérébraux de la procrastination ouvre de nouvelles perspectives pour le développement de traitements plus efficaces.
Des recherches prometteuses explorent l’utilisation de techniques telles que le neurofeedback, la stimulation cérébrale transcrânienne et la thérapie cognitivo-comportementale basée sur la neuroscience pour aider les personnes à surmonter la procrastination.
Ces nouvelles approches thérapeutiques s’attaquent directement aux racines cérébrales de la procrastination. Elles visent à renforcer le système de récompense, à calmer l’amygdale et à tonifier le cortex préfrontal.
Libérez-vous des chaînes de la procrastination
Cette tendance à repousser les tâches ne doit pas être une fatalité. En comprenant mieux les mécanismes cérébraux qui la sous-tendent et en explorant les nouvelles solutions offertes par les neurosciences, vous pouvez développer des stratégies pour la combattre et atteindre vos objectifs.
N’oubliez pas que vous n’êtes pas seul(e). La procrastination touche des millions de personnes et il existe de nombreuses ressources pour vous aider à la surmonter.
Références:
Koob, G. F., & Volkow, N. A. (2010). Neurocircuitry of addiction. Neuropharmacology, 58(1), 104-116.
Hofmann, S. G., Baumeister, R. F., Vohs, K. D., & Dewitt, D. L. (2011). Willpower: Rediscovering the greatest human strength. Guilford Press.
Chronis, T., & Tobin, M. D. (2007). Neurocognitive bases of procrastination. In M. Ferrari (Ed.), The psychology of procrastination (pp. 3-31). Guilford Press.
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