Nous vivons à une époque où la performance émotionnelle semble devenue une norme. Il faudrait toujours être motivé, confiant, sociable, inspiré, clair, équilibré, aligné, zen, lumineux, attractif, disponible, bienveillant et connecté à son “moi supérieur”. Quelle drôle d’injonction ! Et quelle fatigue aussi. Or, il est profondément normal (et même sain) de traverser des zones d’ombre, des doutes, des décrochages, des moments d’absence à soi ou aux autres. C’est le signe d’une humanité vivante, pas d’une défaillance. Apprendre à relativiser ce que nous vivons est donc fondamental.
Le paradoxe moderne de la perfection intérieure
Notre société nous pousse à nous juger au lieu de nous observer. Chaque émotion « négative » est interprétée comme un problème à résoudre : la tristesse devient faiblesse, la peur devient un manque de confiance, l’ennui devient un vide à combler.
Pourtant, ces états sont des messages, pas des erreurs de fabrication. Ils nous indiquent simplement que quelque chose bouge à l’intérieur, que nous sommes en train de réajuster notre rapport au monde. Quand vous vous sentez démotivé, ce n’est pas toujours une panne de volonté ; c’est parfois le signe que votre énergie veut s’investir ailleurs.
Quand vous manquez de confiance, ce n’est pas forcément un défaut ; c’est un rappel à l’humilité, à la prudence, à la lucidité.

L’imperfection émotionnelle, un souffle vital
Vouloir être tout le temps bien, c’est comme vouloir respirer sans jamais expirer. L’équilibre se crée dans l’alternance. Accepter de mal communiquer un jour, d’être maladroit le lendemain, de se replier le surlendemain, c’est reconnaître que notre psyché fonctionne comme les saisons. Rien n’est fixe. La confiance pousse, puis fane. L’estime se solidifie, puis se fissure, puis se reconstruit. Les hivers intérieurs préparent des printemps silencieux. En réalité, ce qui use le plus, ce n’est pas d’aller mal : c’est de se reprocher d’aller mal.
Le dialogue intérieur, entre juge et témoin
Nous parlons à longueur de journée. Pas toujours à voix haute, mais à voix mentale. Ce dialogue interne peut être un allié ou un bourreau. Quand il devient trop critique, il nourrit la culpabilité. Quand il est trop complaisant, il évite la responsabilité. L’art de relativiser ce que nous vivons, c’est d’apprendre à écouter cette voix sans forcément la croire.
Une pensée n’est qu’une hypothèse. Une émotion n’est qu’une vague. Le mental dramatise, le cœur amplifie, le corps réagit, et pourtant, tout cela passe. Comme des nuages qui se déplacent sur un ciel plus vaste que leurs ombres.
Les émotions, ces messagères fidèles
Il n’y a pas de mauvaises émotions : seulement des émotions mal comprises. La colère n’est pas un défaut de maîtrise ; c’est une réaction à un sentiment d’injustice. La peur n’est pas une faiblesse ; c’est un mécanisme de protection. La tristesse n’est pas une panne ; c’est un hommage à ce qui a compté. Et la joie n’est pas un privilège ; c’est une respiration que nous pouvons retrouver, même discrètement, dans le simple fait d’être encore là.
Relativiser ce que nous vivons, c’est cesser de classer nos émotions en « utiles » et « inutiles », pour les accueillir comme un système de navigation intérieure.
La spiritualité du quotidien
On croit souvent que la spiritualité commence là où le mental s’arrête. En réalité, elle peut se vivre dans le chaos, dans le brouillard, dans la confusion. Quand vous doutez, quand vous cherchez un sens, quand vous vous sentez déconnecté, c’est peut-être justement là que l’âme cherche un nouvel ancrage.
La spiritualité n’est pas un état d’illumination permanente ; c’est un regard bienveillant sur les imperfections de l’existence. Elle nous apprend à dire : “Je n’y vois pas clair, mais j’avance quand même.”
Le sens comme boussole, pas comme obligation
Trouver du sens n’est pas une course contre le vide. Le sens se construit, se perd, se reconstruit. Il n’a rien de figé. Il ne vient pas toujours des grandes réponses, mais souvent des petites évidences : un regard, un geste, un silence partagé, un café au soleil, un pas vers quelqu’un. Quand vous ne voyez plus le sens, c’est peut-être que vous êtes trop près du tableau.
- Reculez un peu.
- Respirez.
- Le sens se révèle avec le temps, jamais sous la contrainte.
La motivation : une énergie fluctuante
Personne n’est motivé en permanence. Même les plus inspirants ont des jours gris. La motivation fonctionne comme la marée : elle monte, elle descend, elle se retire pour mieux revenir. Elle se nourrit d’élan, mais aussi de repos. Se forcer à être toujours motivé revient à épuiser la source. L’essentiel n’est pas de rester motivé ; c’est de rester curieux. La curiosité, elle, survit aux tempêtes. Elle ouvre les yeux quand tout semble fermé.
La confiance et l’estime : deux amies imparfaites
Il est normal que la confiance chancelle. C’est même une bonne nouvelle : cela signifie que vous vous aventurez en dehors du connu. Et l’estime de soi ? Elle n’est pas un socle de béton, mais une matière vivante. Elle s’effrite sous la fatigue, se redresse sous le regard d’un ami, se consolide après chaque choix aligné. Vous ne perdez pas votre valeur quand vous doutez ; vous explorez simplement une autre facette de vous-même.
Relativiser pour retrouver la liberté intérieure
Relativiser ce que nous vivons, ce n’est pas minimiser. Ce n’est pas dire « ce n’est pas grave » quand ça l’est. C’est dire : “C’est humain.” C’est remettre les choses à leur juste place, dans la perspective de la vie entière.
Ce n’est pas fuir la responsabilité, mais sortir du jugement. En cessant de se juger, on se remet en mouvement. En se donnant le droit de ne pas toujours être au top, on redécouvre le plaisir simple d’être en chemin.

Une respiration, pas une performance
J’accompagne souvent des personnes qui croient qu’elles devraient “mieux gérer” leurs émotions, leurs pensées, leur motivation. Et je leur dis : “Et si vous arrêtiez de gérer ? Et si vous commenciez à vivre ?” La vie n’a pas besoin d’être parfaite pour être belle. Elle demande juste qu’on l’habite pleinement, même dans les zones d’incertitude. C’est là, dans cette respiration imparfaite, que naît la vraie sérénité.
Relativiser ce que nous vivons, c’est redevenir humain parmi les humains. C’est s’autoriser à être traversé par la vie, sans chercher à la dompter. C’est aussi reconnaître que tout ce que vous vivez aujourd’hui (les hauts, les bas, les silences, les manques, les élans, les envies changeantes) fait partie d’une même aventure : celle de votre propre conscience en mouvement.
Alors, la prochaine fois que vous vous surprendrez à penser “je devrais être différent”, essayez plutôt : “Et si c’était normal d’être exactement comme je suis, là, maintenant ?”
Et si cette simple phrase était déjà le début d’une paix intérieure.
Si ces mots résonnent, parlons-en ensemble. Réservez une séance de 60 mns pour faire le point sur ce que vous traversez et explorer comment avancer avec plus de douceur et de clarté.







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