Coaching de vie ou coaching qui dévie

Quand le coaching éclaire ou égare : à quel moment le phare se croit soleil ? Il y a dans le coaching de vie une promesse magnifique : celle d’un accompagnement vers plus de clarté, de conscience, d’autonomie. Le coaching bien mené est un espace rare où l’on se découvre capable, où l’on avance sans être dirigé, où l’on se reconnecte à ce qui fait sens. Mais, comme toute pratique humaine, il peut aussi dévier, parfois imperceptiblement. Là où le coach devait accompagner, il finit par orienter. Là où il devait éclairer, il éblouit. Et là où il devait écouter, il parle trop fort. C’est dans cette fine frontière que se joue la différence entre coaching de vie et coaching qui dévie.



Quand le coaching éclaire ou égare : à quel moment le phare se croit soleil ?

Dans les bons jours, le coach est un phare : il éclaire sans aveugler, il guide sans diriger, il montre la rive sans prétendre être la destination. Dans les mauvais jours, il peut devenir soleil : brûlant, trop présent, persuadé d’incarner la lumière elle-même.

Le problème n’est pas tant la technique que la posture. Car ce n’est pas la méthode qui dévie : c’est l’intention, la conscience du coach, son rapport au pouvoir et à la reconnaissance. Voici donc les dérives les plus courantes d’un coaching qui oublie son essence, et les réflexions qu’elles inspirent à celles et ceux qui cherchent à accompagner avec intégrité.

Témoignage de ma clientèle. Stéphane Abry Coaching

L’égo démesuré du coach

C’est sans doute le premier pas vers la déviation. Le coach se met en scène, il veut “réussir” à faire réussir. Il se mesure à ses clients, s’attribue leurs progrès, se nourrit de leur admiration. Il devient celui qui “sait”, celui qui “a compris”, celui que l’on écoute.

Peu à peu, il transforme la séance en spectacle personnel. Le coaching n’est plus un espace de croissance pour l’autre, mais une vitrine pour l’ego. Dans cette posture, l’écoute disparaît, le silence n’a plus de place, et la relation s’inverse : le client devient public.

La projection personnelle

Le coaching dévie aussi quand le coach confond accompagnement et miroir. Il projette ses propres croyances, ses blessures, ses certitudes. Il oriente les réponses du client vers ses propres valeurs, comme si sa manière de vivre était la bonne. Sous couvert d’aide, il impose une vision. Il n’accueille plus la singularité, il la corrige.

Ce type de coaching ferme la porte à la nuance, à la différence, à l’altérité. Or, accompagner, c’est précisément laisser de l’espace à l’autre pour exister autrement que soi.

Stéphane Abry - Coach de vie

La dépendance subtile

Parfois, la déviation prend des formes plus douces, presque imperceptibles. Le coach se réjouit de voir le client revenir, encore et encore. Il se dit qu’il est précieux, qu’il “aide vraiment”. Mais au fond, il installe une dépendance. Il devient une béquille émotionnelle, un repère sans lequel le client croit ne pas pouvoir avancer.

Et le pire, c’est que souvent, cette dépendance rassure les deux : le client se sent soutenu, le coach se sent utile. Pourtant, le véritable coaching vise l’inverse : rendre l’autre autonome, capable de voler de ses propres ailes.

La promesse illusoire

Certains coachs séduisent par des slogans : “Changez votre vie en 21 jours”, “Révélez votre puissance intérieure”, “Reprenez le contrôle total de votre destin”. Derrière ces formules brillantes se cache souvent une intention marketing plus qu’une intention humaine.

Ce n’est pas la promesse de transformation qui dérange, c’est l’illusion d’une solution instantanée. Le coaching de vie devient alors un produit de consommation rapide, déconnecté de la lenteur, du doute, de la complexité du réel. Or, la vraie transformation ne se décrète pas : elle se cultive.

Approche artisanale du coaching

Le manque de cadre

Sans un cadre clair, le coaching se dilue. Pas d’objectifs précis, pas de durée, pas de contrat moral ou éthique : tout devient flou. On bavarde, on échange, on se raconte, et on croit avancer. Mais sans structure, sans règles de jeu, le coaching perd sa colonne vertébrale.

Le cadre n’est pas une prison, c’est une boussole. C’est lui qui sécurise, qui donne sens à la démarche, qui protège autant le coach que le client. Sans cadre, tout devient possible, y compris la confusion, la manipulation ou la dérive affective.

La quête du contrôle sur le client

Il arrive que le coach, animé d’une envie sincère d’aider, cherche à maîtriser le processus. Il veut que ça aille vite, que ça fonctionne, que le client comprenne, qu’il fasse. Mais à trop vouloir piloter, il retire à l’autre le droit d’avancer à son rythme. Il dirige, recadre, impose.

Ce n’est plus un accompagnement : c’est un guidage. Et dans cette dynamique, l’autonomie du client disparaît. Le coach devient un capitaine autoritaire au lieu d’un compagnon de route. Le coaching dévie dès qu’il s’arroge le pouvoir de décider de ce qui est juste pour l’autre.

Réveil temps Stéphane Abry Coaching Anti Procrastination

L’absence de supervision

Accompagner sans jamais être accompagné soi-même, c’est comme marcher sur une corde sans filet. Le coach qui refuse la supervision s’expose à ses propres angles morts, à ses projections, à ses failles non vues. Il finit par tourner dans son propre labyrinthe.

La supervision, c’est l’hygiène mentale et éthique du coach. C’est un espace de recul, d’humilité, de décompression. Sans elle, même les meilleurs peuvent dériver, non par malveillance, mais par aveuglement.

Le manque d’humilité face à la complexité humaine

Certains coachs croient qu’il suffit d’un protocole, d’une méthode, d’un script pour “changer la vie des gens”. Ils oublient que chaque être humain est un monde en mouvement. Vouloir tout simplifier, tout rationaliser, tout maîtriser, c’est nier la part de mystère qui habite chaque transformation.

Le coaching n’est pas une mécanique : c’est une rencontre vivante entre deux consciences. L’humilité du coach, c’est d’accepter qu’il ne sait pas tout, qu’il ne comprend pas tout, qu’il ne contrôle rien.

La fuite de la réalité du client

Sous prétexte d’aider à “penser positif”, certains coachs effacent la douleur, la peur, le doute. Ils demandent à leur client de sourire à tout prix, de “visualiser le succès”, d’oublier la difficulté. Mais fuir la réalité, c’est la renforcer.

Le coaching de vie ne consiste pas à repeindre le réel en rose, mais à apprendre à marcher dans sa grisaille. La lucidité est plus puissante que le positivisme. Elle permet de s’ancrer, de choisir, de traverser. Le coach lucide ne nie pas la pluie : il aide à apprendre à danser dessous.

Témoignage Association Winter Stéphane Abry Coaching

L’absence d’incarnation

Enfin, la plus grande déviation survient quand le coach ne vit pas ce qu’il enseigne. Il parle d’équilibre, mais court après la reconnaissance. Il prône l’authenticité, mais joue un rôle. Il parle de confiance, mais doute de tout. Le coach qui n’incarne pas ses valeurs finit par sonner faux. Le coaching devient une façade, un discours creux. La puissance du coach ne vient pas de sa technique, mais de son alignement intérieur : la cohérence entre ce qu’il dit, ce qu’il fait et ce qu’il est.

En réalité, le coaching de vie n’est pas un métier anodin. C’est une rencontre exigeante entre deux libertés. Le coach n’est ni guide spirituel ni thérapeute de substitution : il est passeur, miroir, phare. Son rôle n’est pas d’imposer la direction, mais de maintenir la lumière. Là où le coaching de vie ouvre, le coaching qui dévie enferme. Là où le premier émancipe, le second influence. Tout se joue dans cette tension subtile entre la volonté d’aider et la tentation de diriger.

Le “bon coach” ne cherche pas à être admiré, mais à être oublié dans la réussite de l’autre. Il ne veut pas qu’on le suive, mais qu’on s’en passe. Il n’éblouit pas, il éclaire juste ce qu’il faut pour que chacun retrouve sa propre route.


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