On leur reproche souvent d’en faire trop, d’être partout, d’être toujours disponibles. Elles anticipent les besoins des autres avant même qu’ils ne les formulent, se rendent utiles à la moindre occasion, prennent soin des émotions d’autrui comme si leur propre équilibre en dépendait. Ces personnes donnent sans compter, et souvent sans s’arrêter. Elles sont présentes, chaleureuses, attentives, loyales. Et pourtant, leur générosité est parfois mal comprise. Vous vous reconnaissez dans cette expression : Vous en faites trop !

Certaines se reconnaîtront dans le type 2 de l’Ennéagramme, qu’on appelle parfois l’Altruiste ou l’Aidant. Ce profil psychologique se caractérise par une sensibilité très fine au bien-être des autres, un besoin d’être aimé, reconnu, utile. Ces personnes savent instinctivement ce que l’autre attend, ou croit attendre, et elles s’y adaptent avec une rapidité désarmante.

Mais à force de s’oublier dans le don, elles s’épuisent. Non parce qu’elles manquent de force, mais parce qu’elles donnent sans se ménager, sans se permettre de recevoir.



La peur invisible de ne pas être aimé

Derrière la générosité sans limite se cache souvent une peur : celle de n’avoir de valeur qu’à travers l’utilité. C’est une forme d’amour conditionnel, intériorisée dès l’enfance, quand un regard ou une attention semblaient dépendre du fait d’être sage, serviable ou présent. Le psychiatre Christophe André évoque souvent cette dynamique : « Certaines personnes ont appris que pour être aimées, elles devaient s’effacer. D’autres, au contraire, ont compris qu’elles devaient se rendre indispensables. Dans les deux cas, elles ne s’autorisent pas à être simplement aimées pour elles-mêmes. »

Ce besoin d’amour déguisé en don constant crée une tension intérieure. On veut bien faire, on veut être utile, on veut que l’autre aille mieux, mais au fond, on espère inconsciemment être reconnu pour tout cela. Non pas par orgueil, mais pour se sentir exister. Ce n’est pas un défaut de personnalité : c’est un réflexe émotionnel forgé par des années à chercher à mériter l’attention.

Avec le temps, ce schéma devient épuisant. Ces personnes ne savent plus si elles donnent par amour ou par peur. Elles ressentent parfois une pointe de déception quand l’autre ne voit pas tout ce qu’elles font, ou quand il prend sans remercier. Pourtant, elles recommencent. Parce que l’amour, pour elles, passe par l’action.

Témoignage AM Stéphane Abry Coaching

Quand la présence devient trop lourde pour soi

Les proches disent souvent : « Tu en fais trop. » Mais comment faire autrement quand aider est devenu une seconde nature ? Ces personnalités ressentent les besoins d’autrui comme une urgence intérieure. Si quelqu’un souffre, elles se sentent appelées à intervenir. Un proche va mal ? Elles se sentent responsables de le soulager. Si elles perçoivent une tension, elles veulent la résoudre.

Leur empathie est si grande qu’elles vivent presque dans les émotions des autres. Ce phénomène, que le psychologue Carl Rogers nommait empathie absorbante, traduit une capacité extraordinaire à se connecter, mais aussi une fragilité : à force de se fondre dans les sentiments d’autrui, elles finissent par ne plus savoir ce qu’elles ressentent vraiment.

C’est souvent dans le silence, ou la solitude, que ces personnes se rendent compte qu’elles sont fatiguées. Elles découvrent alors qu’en cherchant à remplir le vide des autres, elles ont laissé le leur s’agrandir.

Le risque de l’envahissement affectif

Aimer intensément, c’est beau. Mais aimer sans mesure, c’est parfois étouffer.

Les « aidants excessifs » ont tendance à vouloir être partout : ils prennent la place de la parole de l’autre, résolvent à sa place, s’occupent avant même qu’on leur demande. Leur bienveillance peut alors devenir envahissante. Non par intention de contrôle, mais par peur du désintérêt.

Une cliente que j’ai accompagnée, Anne, 47 ans, en parlait ainsi :

« Je me suis toujours dit que si je ne m’occupais pas des autres, ils finiraient par m’oublier. J’apportais des repas à mes collègues, je répondais aux messages à minuit, j’organisais tout… Et puis un jour, j’ai compris que personne ne me demandait tout ça. Je le faisais pour me sentir utile. »

Cette prise de conscience n’enlève rien à la beauté du geste. Elle permet simplement de rétablir une frontière.

Apprendre à donner sans se perdre

Trouver l’équilibre entre soi et les autres ne se résume pas à apprendre à dire non. C’est avant tout un travail d’écoute intérieure.

Voici quelques repères pour y parvenir sans renier sa nature bienveillante :

  1. Prendre conscience du déclencheur. Avant d’aider, demandez-vous : “Est-ce une vraie demande, ou une anticipation de ma part ?” Si la réponse n’est pas claire, accordez-vous le droit de ne pas agir tout de suite.

  2. Réintroduire la réciprocité. Acceptez que l’autre puisse vous rendre service, même modestement. Cela recrée un lien équilibré, moins vertical.

  3. Observer vos émotions. Quand vous aidez, que ressentez-vous ? Un élan sincère, une joie tranquille ? Ou une tension, une peur du rejet ? Cette observation suffit souvent à ajuster votre attitude.

  4. Trouver des espaces neutres. Moments sans obligation, lieux où vous n’êtes pas “le pilier” du groupe : sport, marche, lecture, solitude apaisante. Ces bulles restaurent votre énergie.

  5. Remplacer la culpabilité par la gratitude. Au lieu de vous juger de ne pas en faire assez, remerciez-vous pour ce que vous avez déjà apporté.

Stéphane Abry Coach anti-procrastination et hypnose à Sierre

La stabilité relationnelle comme ancrage

Le type 2 de l’Ennéagramme possède une immense capacité à aimer. Mais il doit apprendre à se centrer sur une conviction essentielle : être aimé ne dépend pas de ce qu’il donne, mais de ce qu’il est. Lorsqu’il comprend cela, son énergie d’amour devient plus paisible, plus durable. Il continue d’aider, mais avec justesse. Il n’envahit plus ; il éclaire.

Relativiser son rôle dans la vie des autres ne veut pas dire se détacher. Cela signifie simplement retrouver une respiration : donner quand c’est juste, s’effacer quand c’est nécessaire, recevoir quand c’est possible.

Dans mes accompagnements, j’ai souvent vu des personnes passer de l’épuisement à la sérénité simplement en se donnant la permission de faire une pause sans se sentir coupables. Ce moment de recul ne les rend pas moins aimantes, il les rend plus vraies.

Aimer sans condition, y compris soi-même

Le chemin de ces grandes âmes généreuses n’est pas d’aimer moins, mais d’aimer autrement. Elles apprennent, peu à peu, que la bienveillance n’a pas besoin d’être démonstrative pour être réelle. Qu’un regard sincère, une écoute attentive, un silence partagé peuvent être aussi puissants qu’un grand geste.

Elles découvrent aussi que l’amour, le vrai, commence par l’intérieur. Comme l’écrivait Carl Gustav Jung, « Ce à quoi nous résistons persiste, ce que nous embrassons se transforme. » Tant que l’on lutte contre son besoin d’aider, il se renforce. Quand on l’accueille avec douceur, il se pacifie.

Nous avons besoin de ces personnes attentives, sensibles, passionnées. Leur présence réchauffe les relations humaines. Mais elles ont besoin, elles aussi, de se protéger pour durer.

Apprendre à se stabiliser dans la relation, c’est préserver la richesse de leur personnalité. C’est faire de leur empathie un pont, pas une prison.

  • Vous vous reconnaissez dans ces lignes ?
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